Nouvelles directives d’examen suite à la décision Amazon.com

L’OPIC a émis de nouvelles directives d’examen aux examinateurs suite à la décision rendue par la Cour fédérale dans Amazon.com Inc. c. Commissaire aux brevets 2010 CF 1011.

Les voici.
En résumé:

Lors de l’examen d’une demande, il faut identifier deux choses afin d’évaluer la brevetabilité :

  1. ce que le demandeur revendique en tant que monopole et
  2. ce que les inventeurs ont réellement inventé.

Si ni le monopole revendiqué, ni l’invention réelle n’est brevetable, la demande est irrégulière et ne peut être acceptée.

US: Test de l’art analogue pour déterminer l’évidence

**Pour en savoir plus

Dans In Re Klein (Fed. Circ. 2010-141) la Federal Circuit a rejeté les conclusions du USPTO quant à l’évidence, déclarant qu’aucune des 5 références citées ne pouvait être considérée de l’art analogue au domaine de l’invention.

En effet, une référence est considérée analogue si soit a) elle est du même domaine que l’invention ou b) raisonnablement pertinente au problème résolu par l’invention. Une référence est raisonnablement pertinente s’il va de soit qu’elle se serait porté d’elle-même à l’attention de l’inventeur lorsque celui était à la recherche d’une solution à son problème.

La demande de Klein porte sur un dispositif simple pour mesurer et mélanger du sucre et de l’eau pour nourrir des oiseaux. En gros le dispositif ressemble à une tasse à mesurer avec une paroi amovible permettant de séparer l’eau et le sucre, trois différentes quantités de sucre pouvant être mesurées selon la position de la paroi, dépendamment du type d’oiseaux à nourrir.

21. A convenience nectar mixing device for use in preparation of sugar-water nectar for feeding hummingbirds, orioles or butterflies, said device comprising:

a container that is adapted to receive water,

receiving means fixed to said container, and

a divider movably held by said receiving means for forming a compartment within said container, wherein said compartment has a volume that is proportionately less than a volume of said container, by a ratio established for the formulation of sugar-water nectar for hummingbirds, orioles or butterflies, wherein said compartment is adapted to receive sugar, and wherein removal of said divider from said receiving means allows mixing of said sugar and water to occur to provide said sugar-water nectar.

S’appuyant sur l’avoeux de Klein dans la demande à l’effet que les différents ratio eau-sucre étaient connus, le USPTO rejetta la revendication 21 sous l’évidence citant 5 références différents à la lumière de la connaissance desdits ratios. Par exemple, certaines des références concernaient des contenants à vis avec des parois amovibles, etc.

La cour jugea ces références non pertinentes parce que les contenants qui y étaient décrits n’étaient pas adaptés pour recevoir de l’eau ou adaptés pour le problème des multiples ratios.

**** Il semble donc que, pour qu’une référence soit citable pour l’évidence, elle doit être pertinente à l’ensemble du problème et non seulement à un des aspects. ****

Microsoft vs i4i: La forte présomption de validité d’un brevet aux US est toujours valide!

**Pour en savoir plus

Aux État-Unis, l’article 35 U.S.C. § 282 de la Loi sur les brevets, tout brevet est présumé valide. Dans la cause Microsoft Corp. v. i4i Limited Partnership, Microsoft conteste la force de cette présomption tentant d’abaisser le standard actuel qui est de fournir une preuve “claire et convaincante” (“clear and convincing” evidence).

La Cour Suprême affirme que le standard actuel doit être maintenu.

***Pour les praticiens de la propriété intellectuelle

La Cour rejette également la proposition alternative de Microsoft selon laquelle la présomption de validité est affaiblie lorsque la validité est attaquée dans des cas non considérés par le USPTO lors de la poursuite de la demande. La Cour Suprême note toutefois que dans de tels cas, les nouvelles preuves peuvent avoir plus de poids.

Confirmation par la Cour Suprême des États-Unis des droits des inventeurs au brevet

*Ce qu’il faut retenir: Il est toujours préférable de prévoir des cessions des droits des inventeurs, ou de prévoir par contrat que les employés ou sous-contractants demeurent propriétaires des droits sur une invention. Ce n’est rarement pas une bonne idée de laisser la décision au “cas par défaut”.

***Pour les praticiens de la propriété intellectuelle Dans la cause Board of Trustees of Leland Stanford Junior University v. Roche Molecular Systems Inc., U.S., No. 09-1159, 6/06/11, la Cour Suprême des États-Unis a confirmé qu’un brevet était initiallement délivré aux inventeurs.

“We have rejected the idea that mere employment is sufficient to vest title to an employee’s invention in the employer.”

Dans ce cas précis qui concerne une invention financée par le gouvernement:

“The Bayh-Dole Act does not confer title to federally funded inventions on contractors or authorize contractors to unilaterally take title to those inventions; it simply assures contractors that they may keep title to whatever it is they already have.”

Au Canada, il n’est pas possible de contester la validité sous la condition seule d’un brevet de sélection (rappel)

***Pour les praticiens de la propriété intellectuelle

La cause Eli Lilly Canada Inc. v. Novopharm Limited 2010 FCA 19 concerne le brevet canadien no. 2,041,113 délivré en 1998 qui caractérise l’olanzapine comme une sélection de la calsse du brevet no. 1,075,687 délivré en 1980. Plus spécifiquement, il s’agit d’un appel où la question suivante est posée:

“les conditions d’un brevet de sélection valide constituent-elles un motif indépendant pour constester la validiter d’un brevet?”

Selon la juge:

“…a challenge directed to a determination that the conditions for a selection patent have not been met does not constitute an independent basis upon which to attack the validity of a patent. Rather, the conditions for a valid selection patent serve to characterize the patent and accordingly inform the analysis for the grounds of validity set out in the Act : novelty, obviousness, sufficiency and utility. In short, a selection patent is vulnerable to attack on any of the grounds set out in the Act. I arrive at this conclusion for a variety of reasons. “

Concernant l’utilité, la juge ajoute:

“Ultimately, for the purpose of utility regarding a selection patent, the question to be determined is whether, as of the date of filing, the patentee had sufficient information upon which to base the promise. In an infringement action, the patentee benefits from the presumption of validity (s. 43(2) of the Act) and the alleged infringer bears the onus of demonstrating that the patentee did not have sufficient information upon which to base the promise. “

Aux États-Unis, la Cour Suprême précise ce qu’il faut pour qu’il y est ‘incitation à la contrefaçon’

*Ce qu’il faut retenir:

Pour être trouvé coupable d’incitation à la contrefaçon d’un brevet aux États-Unis, il faut soit qu’il soit prouvé qu’il y ait eu connaissance que la conduite incitée enfreint en soit un brevet ou qu’il soit démontré qu’il y ait eu “aveuglement volontaire” (“willful blindness”).

***Pour les praticiens de la propriété intellectuelle

Dans la cause Global-Tech Appliances, inc. v. SEB S.A. (2011) (via Patently-O), la Cour Suprême précise heureusement les critères définissant l'”aveuglement volontaire“, soit:

  • “the defendant must subjectively believe that there is a high probabilty that a fact exists.”
  • “the defendant must take deliberate actions to avoid learning of that fact.”

Attention au préambule d’une revendication

*Ce qu’il faut retenir:

Aux États-Unis, le préambule d’une revendication peut être utilisé pour limiter la portée de celle-ci.

** Pour en savoir plus:

Dans American Medical Systems, Inc. v. Biolitec, Inc. (Fed. Cir. 9/13/2010) , la cour du Federal Circuit a statué que le préambule pouvait être interprété comme étant limitatif dans les cas où il récitait de la structure ou une étape jugée essentiel…:

“Generally,” we have said, “the preamble does not limit the claims.” Nonetheless, the preamble may be construed as limiting “if it recites essential structure or steps, or if it is ‘necessary to give life, meaning, and vitality’ to the claim.” A preamble is not regarded as limiting, however, “when the claim body describes a structurally complete invention such that deletion of the preamble phrase does not affect the structure or steps of the claimed invention.” If the preamble “is reasonably susceptible to being construed to be merely duplicative of the limitations in the body of the claim (and was not clearly added to overcome a [prior art] rejection), we do not construe it to be a separate limitation.” We have held that the preamble has no separate limiting effect if, for example, “the preamble merely gives a descriptive name to the set of limitations in the body of the claim that completely set forth the invention.”

***Pour les praticiens de la propriété intellectuelle

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Aux US, la barre est montée pour prouver la conduite inéquitable (“inequitable conduct”)

***Pour les praticiens de la propriété intellectuel

La cour du Federal Circuit a mis un frein à l’hémoragie des plaidoyés d’invalidité pour conduite inéquitable en élevant le standard de la preuve à cet égard dans la cause Therasense, Inc. v. Becton, Dickinson and Company (Fed. Cir. 2011) (en banc).

La cour a de plus statué qu’une preuve de conduite non équitable ne rend pas un brevet immédiatement non éxécutoire. La cour doit plutôt soupeser les passifs en cause pour déterminer si la conduite inéquitable garantit le recours en inopposabilité.

“To prevail on the defense of inequitable conduct, the accused infringer must prove that the applicant misrepresented or omitted material information with the specific intent to deceive the PTO. The accused infringer must prove both elements—intent and materiality—by clear and convincing evidence. If the accused infringer meets its burden, then the district court must weigh the equities to determine whether the applicant’s conduct before the PTO warrants rendering the entire patent unenforceable.”

Au niveau de l‘intention, il doit y avoir une décision délibérée de tromper. Pour là matérialité, il faut qu’il en résulte que le Bureau des brevets n’aurait pas émis la revendication s’il n’y avait pas eu de conduite inéquitable.

US – Élements de type “Means-plus-functions”: attention aux pièges!

***Pour les praticiens de la propriété intellectuel

L’arrêt Rembrandt Data Technologies, LP v. AOL, LLC (Fed. Cir. 2011) concerne la validité d’une license, mais également l’évidence des revendications comme étant indéfinies.

Concernant ce dernier point, la cour du Federal Circuit a affirmé la décision de la cour de première instance à l’effet que les revendications 3-11 du brevet no. 5,251,236 étaient indéfinies comme récitant à la fois un appareil et une méthode d’utilisation de cet appareil dans une même revendication.

La cour du FC a toutefois renversé la décision de la cour de première instance concernant les revendications 1-2. Celles-ci avaient été jugées indéfinies comme incluant des éléments de type “means-plus-functions” sans que le brevet ne décrive d’algorithme permettant d’effectuer les fonctions en questions. La cour rappelle:

“This presumption can be rebutted if the claim limitation itself recites sufficient structure to perform the claimed function in its entirety.”

et conclue que les éléments “fractional rate encoding means” et “trellis rate encoding means” récitent suffisemment de structure en tant que tel considérant leurs significations pour l’homme du métier.

Quant aux termes “buffer means” et “combining means”, il leur fut trouvé suffisemment de support dans la description.

Aux US, ajout possible de revendications de portée plus spécifique lors d’une redélivrance

*Ce qu’il faut retenir:

La redélivrance d’un brevet aux US permet de corriger des revendications que l’on juge défectueuses.

** Pour en savoir plus:

Il est possible d’amender les revendications de manière à élargir ou non leur portée ou d’ajouter des revendications dépendantes, donc de portée plus limitée.

***Pour les praticiens de la propriété intellectuel

Re Yasuhito Tanaka (Fed. Cir. 2011) concerne la redélivrance du brevet US No. 6,093,991 délivré à Yasuhito Tanaka en 2000. Deux ans après la délivrance, Tanaka dépose une demande de redélivrance cherchant à élargir la portée de la revendication indépendante no. 1, change en cour de procédé d’idée et ajoute finalement plutôt la revendication dépendante no. 16.

L’Examinateur rejette les revendications 1-7 et 16 soulevant le fait que Tanaka n’avait pas spécifié dans la Déclaration quelle erreur il tentait de corrigé par le dépôt de la demande de redélivrance et qu’il n’y avait pas de défaut à corriger par une telle redélivrance. Le Boards of Patent Appeals And Interference a affirmé la décision de l’Examinateur.

En appel, le juge a rejeté l’argument de l’Examinateur et du BPAAI s’appuyant sur des précédents soutenus et sur la “Régle du précédent” (principles of stare decisis):

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